Une maison sans fondations. Une maison à refaire sans la détruire.
Elle était debout. Et pourtant, tout était à refaire.
Pas de fondations. Construite à même la roche.
Pas de plan cohérent. Pas d’espace fluide.
Pas de confort, mais une histoire. Et ça, on ne voulait pas le perdre.
Le chantier a été un long face-à-face avec les limites physiques du lieu.
La maison avait survécu au grand tremblement de terre de 1755. Il fallait qu’elle tienne jusqu’au prochain.
Il fallait ajouter, sans alourdir. Consolider, sans trahir.
Tout a été repris :
L’ancien toit était à déposer. Les sols, à abaisser quand la roche le permettait. Les plafonds, à supprimer ou à rehausser. Par endroits, la maison était littéralement sous le niveau du sol, enfoncée dans le lit minéral de la montagne.
Et l’humidité... elle remontait, circulait, s’infiltrait. Rien d’anormal ici — c’est pour cela que tant de maisons sont surélevées.
Il fallait des artisans. Pas des ouvriers.
Des gens qui connaissent la pierre, le terrain, l’air.
Et nous les avons trouvés. Pas tous au début. Pas toujours au bon moment. Mais ils ont été là.
Nous avions voulu faire simple.
Un architecte. Un plan. Et en avant.
Mais vivre à l’étranger et suivre un chantier au Portugal, sans fiscal, sans chef de travaux, sans présence régulière… Ce n’était pas le bon pari.
On en parle dans notre guide. Ça méritait un chapitre entier.
Quant aux délais… ah, les délais.
On aura l’occasion d’en reparler.
Mais cette maison, aujourd’hui, nous l’avons faite à la main.
Elle nous a tenus tête. Elle nous a appris.
Elle nous ressemble plus qu’on ne l’aurait cru.
