Dessiner avant d’ouvrir un mur.
Nous ne l’avions vue qu’une seule fois avant de signer. Nous savions qu’il y aurait des travaux. Mais en décembre 2014, quand nous avons pris possession des lieux, l’été n’était plus là pour masquer l’ampleur du chantier à venir.
Alors, nous avons attendu. Un an. Parce que nous vivions à l’étranger. Et parce qu’il nous semblait important de ne rien précipiter. Nous avons habité la maison, par épisodes, pour l’observer vivre. Comprendre ce qui dysfonctionnait. Et en attendant, nous avons refait la piscine. Pour se donner du courage.
Imaginer, ici, c’était d’abord composer avec ce qui ne pouvait pas changer. La maison, située en plein cœur d’une zone UNESCO, est intouchable extérieurement. Pas de surélévation, pas de nouvelle ouverture, aucun geste spectaculaire. Il fallait faire avec. Et faire juste.
Le plan était déconcertant : 7 chambres, 5 salles de bain, réparties sur 450 m² mal agencés. Trop de couloirs, d’escaliers en colimaçon, de pièces sans lumière. Trop de cloisonnement.
Alors nous avons dessiné. Du papier calque, des plans, des hypothèses. Faire entrer la lumière. Révéler les hauteurs cachées sous de faux plafonds. Supprimer les pièces inutiles. Créer une vraie circulation.
Pendant ce temps, nous cherchions l’architecte. Pas une star de l’architecture. Quelqu’un qui sache écouter. Lire les lieux. Traduire sans trahir.
La maison, bâtie en terrasses sur la pente nord de la Serra de Sintra, avait été entièrement reconstruite dans les années 1980. Seules les façades extérieures avaient été conservées. Le reste : béton, briques, inconfort. L’isolation thermique était absente, l’humidité omniprésente.
Et pourtant, le charme opérait. Ce lieu portait en lui une identité forte, presque exotique. Une végétation variée, des éléments anciens récupérés de la Quinta da Regaleira — portes, garde-corps, fenêtres — réutilisés lors des précédentes rénovations.
Nous avons choisi de faire avec cette histoire. De la prolonger. Tout l’intérieur a été repensé : de nouvelles relations entre étages, des volumes ouverts, un chauffage au sol discret, et cette volonté constante de ne jamais trahir l’esprit du lieu.
Imaginer, ce n’est pas fantasmer une maison idéale. C’est révéler la meilleure version d’un lieu habité.
