Ce qu’on ne vous dit pas sur les maisons anciennes.
On dit souvent qu’une vieille maison “vit”. C’est vrai.
Mais il faut aussi l’aider à vivre. L’écouter. La comprendre. Parfois lui céder. Parfois l’anticiper.
C’est le premier ennemi. Visible ou invisible.
Dans la région de Sintra, l’humidité fait partie du paysage.
La maison est posée à même la roche, sans vide sanitaire. Par endroits, le sol est même sous le niveau du terrain.
Les remontées capillaires, les condensations, les veines d’eau invisibles : il faut les connaître, les gérer… sans les nier.
Nous avons isolé, ventilé, chauffé.
Mais nous avons aussi appris à ne pas surcorriger. Une maison sèche… quand elle est habitée.
Et parfois, mieux vaut une trace lisible qu’un traitement trop radical.
À Sintra, on apprend vite que le soleil ne sèche pas tout.
Et qu’il peut aussi abîmer.
Les pièces les plus lumineuses chauffent fort, les tapisseries souffrent, les peintures ternissent.
Le marbre change de teinte, parfois de texture.
Quant aux pièces plus sombres, elles retiennent l’humidité, longtemps.
C’est une belle matière. Noble, fraîche, lumineuse.
Mais dans une cuisine, il faut savoir composer.
Il ne supporte pas la chaleur directe. Il marque à l’acide. Et mal posé, il peut se fissurer.
Il faut le traiter, l’aimer, et le choisir pour ce qu’il est : une matière vivante.
Elle se patine. Et elle s’encrasse.
Elle porte le sel, le salpêtre, les marques du passage et du temps.
Il faut l’accepter ou la combattre, selon l’usage.
Mais dans tous les cas, il faut la surveiller.
Nous avons appris à aérer tôt, à chauffer par le sol, à observer les signes faibles.
Nous avons testé des produits doux, repéré des gestes simples.
Et parfois, nous avons décidé de ne rien faire.
Car ici, tout se joue sur le temps long.
